Le cirque de Labeil : randonnée entre dolomie, forêts profondes et failles spectaculaires


Auteur : Pauline & Hubert

Publié le : 11/07/2025


Un cirque sculpté par les âges

Situé à 700 mètres d’altitude dans la forêt domaniale de l’Escandorgue, sur la commune de Lauroux, le cirque de Labeil constitue un joyau géologique du Haut-Languedoc. Ce site, à la frontière entre Hérault et Larzac, est marqué par un relief escarpé, une grande diversité de roches (dolomie, calcaire jurassique, traces volcaniques) et des influences climatiques contrastées.

Le paysage forme un véritable amphithéâtre naturel, profondément entaillé par l’érosion. La faille de Labeil, sinueuse et spectaculaire, trace une discontinuité impressionnante dans le causse. En contrebas, des gorges profondes, modelées par des millions d’années d’eau et de temps, prolongent ce décor grandiose.

Depuis le joli village rural de Lauroux, la route grimpe à flanc de falaise, révélant de superbes vues sur le Lodévois jusqu’à la Méditerranée.

Une randonnée accessible entre causse et forêts

Aujourd’hui, nous partons pour une randonnée facile de 8 km, ponctuée de passages plus raides mais contournables si besoin. Le départ se situe au sommet du cirque, sur la partie sud du Causse du Larzac.

Depuis Lauroux, suivez la route qui passe devant la boutique-restaurant de la Grotte de Labeil, puis continuez jusqu’au hameau de Labeil. Garez-vous près du parking d’escalade, bien indiqué. Le sentier est balisé en jaune (PR de l’Orb à l’Escandorgue). Le départ se fait sur le causse, où les pelouses sèches, les buissons ras et les rochers blancs dominent.

Le chemin grimpe d’abord doucement à travers une hêtraie-sapinière, fraîche et ombragée, où la lumière filtre doucement à travers les feuillages. Plus bas, on pénètre dans une forêt de pins noirs d’Autriche, plantée pour fixer les sols et aujourd’hui devenue un milieu semi-naturel.

Au bout de 3 kilomètres, arrive l’aire de pique-nique du Roquet Escu, installée dans une clairière. De là, deux options :

  • un aller-retour de 3 kilomètres est possible pour monter (60m de dénivelé) dans la forêt de l’Escandorgue jusqu’au sommet du Causse du Larzac, le plus grand des Causses, d’où l’on bénéficie d’une vue panoramique sur l’ensemble du Cirque de l’Abeil. Empruntez le sentier qui monte en sous-bois, à droite du panneau d’affichage. Vous traversez une hêtraie avec d’impressionnants spécimens ! Grimpez jusqu’au début du Causse, passez le portillon métallique -en la refermant bien derrière vous, bien sûr- et promenez vous à travers le chaos de rochers ruiniformes. On vous met au défi de trouver celui en forme de crocodile ! Après en avoir pris plein les yeux, vous pouvez redescendre à l’aire de pique-nique.
  • Empruntez le chemin du retour par la piste forestière qui suit sa route après l’aire de pique-nique. Au bout d’un kilomètre environ, vous trouverez des pancartes d’indication des chemins. Bifurquez sur le sentier à droite, qui indique « Circuit de l’Abeil 800m ». Il redescend le long de la falaise, par quelques passages en corniche (ne pas s’écarter) qui offre un magnifique panorama jusqu’à la mer Méditerranée. Arrivés sur l’asphalte, remontez la route sur 200 mètres et vous voilà de retour au parking.

La randonnée peut se faire en famille, avec un peu d’attention sur certains passages escarpés. Le balisage sur cette portion de sentiers est efficace.

Faune et flore : chaque milieu, sa spécialité

Le plateau se divise en deux zones contrastées :

  • à l’ouest, la forêt domaniale de l’Escandorgue, humide et dense, regroupe pins de Douglas, sapins, épicéas, mais aussi érables et hêtres ;
  • à l’est, le causse sec et venté abrite des pelouses steppiques, rochers ruiniformes, buis et genévriers, où paissent encore des brebis. L’aire de battage de Labeil, témoin de l’agropastoralisme, a contribué à l’inscription des Causses et Cévennes au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

La randonnée traverse également des zones plus minérales : éboulis dolomitiques, coulées volcaniques sombres, et dalles karstiques sculptées par l’eau.

Causse et dolomie

Sur le causse, la flore méditerranéenne s’épanouit : thym, asphodèles, euphorbes, germandrées et orchidées sauvages au printemps.

Les lézards ocellés profitent des pierres chaudes, tandis que le bruant ortolan et le traquet motteux chantent du haut des blocs calcaires. Les papillons ne sont pas en reste.

Le ruisseau de Granouillet, toujours en eau en juillet, traverse les pâtures à moutons. C’est le lieu de rendez-vous pour les Flambés et les libellules. Quelques Prunelliers sauvages couverts de baies appétissantes nous tentent, mais crus, ils ont un goût prononcé d’amande amère. Le mieux est soit d’attendre les premières gelées (ou de les mettre au congélateur) pour que la chair soit un peu plus molle et agréable ou de les conserver en saumure, à déguster en pickles ou encore d’en faire de la liqueur !

Forêts de pins et hêtraies

Dans la hêtraie, le sol humide abrite des salamandres tachetées, et les vieux troncs accueillent pics épeiches, mésanges huppées, grimpereaux des bois, sitelles torchepot… Les écureuils roux bondissent d’arbre en arbre, et avec de la chance, on peut croiser des chevreuils, ou entendre leurs aboiements.

Zones volcaniques et falaises

Les zones plus sombres, aux roches noires, hébergent une flore plus pionnière : lichens, mousses, silènes et quelques fougères spécialisées. Les hirondelles de rochers nichent parfois dans les anfractuosités. Il n’est pas rare d’observer le faucon pèlerin le long des falaises ou les vautours fauves planer au-dessus du cirque.

Un patrimoine géologique et naturel préservé

Peu connu du grand public, le cirque de Labeil offre une expérience complète : lecture du paysage, immersion forestière, observation naturaliste, et un zeste de vertige sur les passages en balcon. À faire de préférence au printemps ou en automne, pour éviter les fortes chaleurs et profiter des lumières rasantes sur les roches.

Et après la ballade, si vous souhaitez un peu de fraicheur : la grotte de Labeil, accessible en visite guidée, prolonge l’exploration sous la surface. Vous suivrez la rivière souterraine du Laurounet qui y prend sa source. Une bonne façon de compléter cette plongée dans les entrailles du causse. Et profitez en pour déguster du roquefort à la boutique !

Enfin, le village de Lauroux, situé à quelques kilomètres, mérite un détour. Il conserve un charme rural intact et offre un point de départ pratique pour explorer cette partie méconnue du Languedoc.

D’autres découvertes à proximité

  • Randonnée au Ravin des Arcs : entre falaises et gorges

    Randonnée au Ravin des Arcs : entre falaises et gorges

    Un joyau naturel aux portes de Montpellier Nous perdons un peu d’altitude depuis l’Escandorgue et son Cirque de Labeil pour retrouver à 40km à l’est à vol d’oiseau, le Ravin des Arcs. Situé à seulement 40 minutes de Montpellier, c’est une pépite naturelle nichée près de Saint-Martin-de-Londres, dans l’Hérault. Creusé par la rivière Lamalou, il…

  • Visiter la Côte Vermeille : entre mer translucide, forêts protégées et vignes accrochées à la falaise

    Visiter la Côte Vermeille : entre mer translucide, forêts protégées et vignes accrochées à la falaise

    Localisation et histoire de la région Située dans les Pyrénées-Orientales, la Côte Vermeille s’étend d’Argelès-sur-Mer jusqu’à Cerbère, à la frontière espagnole. Cette bande littorale étroite entre montagne et Méditerranée abrite une mosaïque de paysages spectaculaires : caps rocheux, criques sauvages, ports de pêche, villages perchés et terrasses de vignes. Elle fut tour à tour catalane,…