Après les palais mauresques et les villages troglodytes, il est temps de respirer un bon coup d’air pur et de partir à l’assaut d’un paysage surnaturel sculpté par la pluie et le temps : bienvenue au Parc naturel El Torcal de Antequera.

Cap sur le calcaire ! En route vers les hauteurs

Nous quittons Grenade et mettons le cap au sud-est, vers Villanueva de la Concepción, petit bourg andalou à mi-chemin entre collines couvertes de plantations d’oliviers et corniches calcaires. On s’arrête pour acheter le pique-nique dans le petit supermarché local, et c’est parti pour la route de montagne qui grimpe vers le centre des visiteurs d’El Torcal.

Au détour d’une pause panoramique, Hubert commence un inventaire de flore tandis que je cours après des Craves à bec rouge qui se chamaillent. Un Vautour fauve nous survole majestueusement, pas peu fier de son envergure de plus de 2,50 mètres.

Soudain, des mouvements sur la falaise en face attirent notre regard : des paires de cornes apparaissent au sommet, ce sont des bouquetins ibériques. Et en y regardant bien, ils sont une dizaine parsemées sur les sommets en face de nous. Je recommence ma frénésie de photos débutée dans la Sierra Nevada !

Balade dans un labyrinthe de pierre

Arrivés au centre des visiteurs (parking gratuit), suivez le balisage pour le mirador Las Ventanillas qui permet de profiter de la vue sur les reliefs, surplombant la vallée du Rio Campanillas, à seulement 5 minutes à pied du parking, accessible à tous.

Ensuite, trois sentiers s’offrent à nous :

• le plus populaire est la boucle Ruta Verde (1,5 km, 45 min, accessible à tous),
• il est possible de la rallonger en suivant la Ruta Amarilla (3 km au total, 2 heures). C’est celui que nous avons choisi. Le large sentier passe entre des pancakes de rochers. Les formations sont tellement étranges et parfaites, qu’on pourrait croire à un décor de Disneyland. Il est assez amusant de laisser libre cours à son imagination en regardant les sculptures naturels des rochers : ici, une tête d’indien, là-bas, un singe, ou encore, un cheval… Puis le sentier se rétrécit entre des cheminées de fée, qui font penser à celles de Cappadoce. Le chemin est parfois escarpé dans le vallon, mieux vaut avoir des chaussures fermées et un petit sens de l’équilibre, mais rien de dangereux. On reprend ensuite de la hauteur pour admirer le paysage et chercher les bouquetins à flanc de falaise, avant d’arriver au centre des visiteurs.

• le 3ème sentier « orange » de 3,6km (1h45) permet d’observer les différents paysages du Torcal, de la vallée jusqu’aux formations karstiques au sommet. Le sentier passe près d’abris traditionnels pour le bétail, d’ancienne carrière et des plis de terrain, comme la faille de Canda de Tosaires. Il mène jusqu’au Monument Naturel « El Tornillo del Torcal », incroyable empilement de cailloux défiant la gravité. Puis nous revenons par la route jusqu’au Centre des Visiteurs.

Depuis El Tornillo del Torqual part le sentier jusqu’au mirador Manual Grajales. Pendant 1,3km vous longez la falaise par le bas. C’est ici que nous avons eu nos plus belles observations de bouquetins ibériques ! Impassibles, nous sommes passés à quelques dizaines de mètres d’eux sans que cela ne les dérange le moins du monde !

Mais alors… qu’est-ce que c’est, exactement, El Torcal ?

Il y a 150 millions d’années, cette région était un fond marin. Des couches de sédiments calcaires se sont déposées en strates comme des millefeuilles. Puis, avec le soulèvement des cordillères Bétiques, ce plancher océanique s’est retrouvé à plus de 1 300 mètres d’altitude, compressé, tordu, fissuré. Et depuis ? L’eau de pluie, combiné à l’air forme de l’acide carbonique et transforme la roche calcaire karstique fossile en bicarbonate de calcium.

Nature endémique

El Torcal, ce n’est pas juste des cailloux. C’est aussi une biodiversité rare. Alors certes, le dernier ours a disparu il y a 500 ans, et les lynx et les loups ont laissé leur place lorsque la région a été colonisée par les humains. Mais, il y a de belles observations naturalistes à faire :

• dans les chênaies, où poussent également les érables de Montpellier (certains gigantesques) et les sorbiers, repérez les traquets motteux, serins cinis et pinsons des arbres. Plus discrets, il y a aussi du loir commun et du chat sauvage,

• Dans les ronciers, les épines vinettes, et les aubépines se cachent rossignols, alouettes et chardonnerets élégants. On trouve aussi à leur pied, les magnifiques Pivoines coriaces et des orchis pyramidales,

• Les pâtures sont couvertes de chardons, parsemées de boutons d’or. Ici, vous croiserez la Paruline commune,
• Levez régulièrement la tête, vous pourrez voir des Vautours fauves et des Craves à bec rouge.

Dix sept espèces de plantes sont endémiques à El Torcal, dont la Scrofulaire viciosoi, Viola demetria et Linaria anticaria.

Et bien sûr, ne loupez pas l’animal emblématique des reliefs andalous le fameux bouquetin ibérique !

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Notre road trip en Andalousie touche à sa fin. La boucle est bouclée, nous rentrons sur Malaga. Mais n’hésitez pas à la recommencer pour trouver toutes les infos utiles pour préparer la vôtre, ou consulter nos recommandations des 10 incontournables en Andalousie !