Explore le parc national du Corcovado au Costa Rica : son histoire entre orpailleurs et conservation, les différentes portes d’entrée, et nos conseils pratiques pour choisir ton itinéraire et repérer la faune sauvage.
Quand le Corcovado ressemblait à un western
Avant d’être un temple de la biodiversité, le Corcovado, sur la péninsule d’Osa, avait des airs de western. Dans les années 1930, le gouvernement y parachute des criminels pour chercher de l’or. Les “oreros” (chasseurs d’or) tamisent sable et rivières à la recherche de pépites, entrainant déforestation et érosion.
Dans les années 60, on ne fait plus dans la dentelle. L’exploitation de l’or devient industrielle : on rase, on creuse, on pollue. Les rivières se gorgent de métaux lourds comme le mercure, les berges s’effondrent, la faune aquatique trinque.
Ajoutez à cela une exploitation forestière intensive et un peu d’élevage mal contrôlé, et vous obtenez un cocktail destructeur. Face à l’urgence, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme.


1975 : naissance du parc national
En 1975, le président Daniel Oduber signe l’acte de naissance du Parc national du Corcovado. Une première pour le Costa Rica, qui affirme ainsi sa volonté de protéger la forêt tropicale.
Les orpailleurs déjà installés restent tolérés jusqu’en 1986. Ensuite, c’est la fin de la partie (officiellement). Pourtant, l’exploitation illégale continue.
Chasse, collecte d’œufs de tortues, extraction d’or… difficile de couper court quand les gens n’ont pas d’autre source de revenus. Le braconnage impacte gravement certaines espèces : les jaguars, les pacas, et même les pécaris à collier.
Les gardes du parc intensifient la surveillance à partir de 2008. Et la tension monte entre les autorités environnementales et une partie de la population locale, piégée entre conservation et survie.

Reconversion grâce à l’écotourisme
Avec l’essor de l’écotourisme, une nouvelle économie émerge. Les anciens orpailleurs deviennent guides, hôteliers, gardiens du parc. Le Corcovado attire chaque année des milliers de visiteurs, le parc devient un modèle de conservation et une source de revenus non négligeable pour le Costa-Rica.
Mais l’équilibre reste fragile. La crise du COVID-19 en est un parfait exemple : avec l’effondrement du tourisme, les orpailleurs et les braconniers ont repris du service. Les gardes du parc, garants des lois de conservation, doivent faire face à des activités illégales récurrentes, ce qui alimente les tensions entre eux et une partie de la population.
Le Corcovado, aujourd’hui symbole de la préservation de la nature, continue donc d’être un terrain de lutte entre protection de l’environnement et survie économique des communautés locales.



Comment y aller ?
Ce bijou de biodiversité se mérite. Sa découverte ne se fait qu’en présence d’un guide chevronné. Ils sont formés dans une école spécialisée pendant 2 ans, et ont l’œil pour repérer les animaux. Ne voyez donc pas ça comme une contrainte, c’est l’occasion de poser toutes vos questions et d’en apprendre plus sur cette région préservé. En dehors du prix qui peut être rédhibitoire, le parc est relativement difficile d’accès. Il y a cinq portes d’entrée tenues par des rangers, deux accessibles depuis Drake, à l’ouest, trois depuis Puerto Jimenez, à l’est.
Depuis Bahia Drake, les deux entrées sont :
- San Pedrillo, la plus proche de Drake. Elle est accessible à pied par un sentier côtier de 5km à partir de Playa San Josecito. Nous l’avons beaucoup emprunté en logeant à Poor Man’s Paradise, pour rechercher des animaux ou profiter de petites criques paradisiaques. Vous passerez devant la Station Biologique Campanario, où il est aussi possible de loger. L’entrée San Pedrillo est aussi accessible par petit bateau au départ de Drake.
- La Sirena, la station biologique au cœur du parc. C’est le même petit bateau, au départ de Drake, qui vous posera sur la plage Corcovado, après avoir fait un arrêt à San Pedrillo. De la plage, où se trouve le poste des rangers, il faut marcher 2 km pour arriver à la Station où se trouve les lits, la cantine, et parfois même un peu de Wifi. Depuis La Sirena, tout un réseau de sentiers permet d’explorer la forêt primaire et la forêt secondaire. Pour plus de détails, voici notre article sur les 2 jours fantastiques que nous y avons passé.

Depuis Puerto Jimenez, les trois entrées sont :
- Los Patos, accessible en 1h de piste depuis Puerto Jimenez, seulement en saison sèche car il faut traverser le Rio plus d’une dizaine de fois. Il est possible de faire une boucle de 5 km depuis l’entrée, baignade dans une cascade à la clé. D’après les retours d’expériences, cette zone n’est pas très riche en animaux. Pour rejoindre La Sirena pour y passer la nuit, une randonnée de 10 heures à travers la jungle vous attend.
- El Tigre Dos Brazos, à 30 min de piste de Puerto Jimenez, dans les terres. Peu de mammifères, mais beaucoup d’oiseaux, sur une boucle de 8km (6 à 8 heures de marche) au départ du village.
- La Leona, à 2 heures de piste de Puerto Jimenez, sur laquelle vous pouvez déjà croisez beaucoup d’animaux. La piste s’arrêt à Carate, il faut continuer en marchant sur 3 kilomètres sur le chemin côtier pour arriver au poste de ranger de La Leona. Il est aussi possible de prendre un petit bateau à Puerto Jimenez qui vous déposera directement à La Leona. D’ici, comptez 16 km de randonnée pour aller passer la nuit à La Sirena ou explorez l’un des sentiers à la journée. Pour en savoir plus, découvrez notre retour d’expériences sur ce secteur du parc ici.


Quelle entrée choisir ?
Tout dépend de votre temps et de votre budget.
Si vous avez les deux, alors sans hésiter, réservez au moins une nuit à La Sirena. C’est une forêt secondaire, encadrée de forêt primaire, il est beaucoup plus facile d’y voir les animaux. En y passant la nuit, vous profitez des meilleurs moments d’activité des animaux au lever et au coucher du soleil. Comptez entre 300 et 400$ pour la formule 2 jours/1 nuit. Pour réserver, envoyez un mail au moins 30 jours avant à reservaciones@parquecorcovado.org, ou passez par votre hébergement à Drake, ils ont l’habitude d’organiser ce genre d’excursions.
Si vous souhaitez ne passer qu’une journée dans le Corcovado, choisissez de dormir dans un des lodges tout près de San Pedrillo (à Poor Man’s Paradise par exemple) ou de La Leona (Eco Lodge La Leona) afin de profiter des abords du parc au lever et coucher du soleil, gratuitement : la faune ne respecte pas la limite, vous avez de grandes chances de voir des animaux. Par exemple, nous avons vu des traces de tapirs (et l’avons entendu pendant la nuit) à Poor Man Paradise, et je me suis brossé le dents en compagnie de ratons laveurs à La Leona. Si vous voulez randonner dans le parc pour la journée, comptez environ 100€ avec un guide obligatoire. Je ne le referai pas forcément car le départ de la randonnée est assez tardive (vers 8h30 alors que le lever du soleil est à 5h30) et on est déjà de retour en début d’après-midi.
Quand y aller ?
En saison sèche, de décembre à avril. Les chemins sont très vite boueux et impraticables, sans parler des rivières qui deviennent infranchissables en période de crue (à cause du débit et… des crocodiles !).
La station de La Sirena est fermée au mois d’octobre, il n’est donc pas possible de dormir dans le parc ce mois-ci.

Retrovez nos articles sur le Corcovado depuis La Sirena et depuis La Leona pour en savoir plus sur cette pépite de biodiversité !







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