Depuis le village de Puerto Viejo de Talamanca, longez les plages de la côte Caraïbes vers le sud pendant 13km et vous voici arrivés dans le Parc national de Manzanillo. Singes hurleurs, paresseux et mer des Caraïbes… N’oubliez pas vos jumelles et votre maillot de bain !
Village hippie et singes hurleurs : Bienvenue au Parc national de Manzanillo
Au petit matin, cap sur le Refuge national de Vie sauvage Gandoca-Manzanillo. Peu connu, ce sanctuaire protège 70 % de la côte sud caraïbe et s’étire jusqu’à la frontière avec le Panama. Sur 50 km² de terre et 44 km² de mer, il abrite un récif corallien de plus de 5 km² où langoustes, gorgones et oursins prospèrent.
L’entrée du parc a bien changé ces dernières années. Autrefois confidentielle, elle est désormais équipée d’un parking payant (2 000 colones). Un registre tenu par des gardes invite à laisser une contribution libre.
Le sentier côtier, long de 6 km, serpente de Manzanillo à Punta Mona. Dès l’entrée, un paresseux s’étale langoureusement sur une branche de raisin de mer, plage et farniente obligent. Pura Vida !

Le premier kilomètre est une promenade aménagée en bois, accessible à presque tout le monde. Un mirador offre une vue imprenable sur la plage en contrebas et le petit îlot battu par des vagues déchaînées. Quelques surfeurs téméraires s’y risquent, parfois engloutis par l’écume. Nous guettons les dauphins – Grand dauphin, Dauphin tucuxis et Dauphin pélagique de l’Atlantique – mais sans succès.

Après 40 minutes de marche, le sentier débouche sur la jolie plage de Tom Bay. Puis, il devient boueux et moins fréquenté, s’enfonçant dans la jungle jusqu’à Punta Mona. Deux groupes de singes hurleurs et de Cassiques de Montezuma rivalisent de vocalises dans un concert assourdissant. À travers les frondaisons épaisses, des rayons de soleil illuminent des nuées de morphos en plein ballet aérien.


Dans une mare de boue, nous croisons les éclatants dendrobates fraises et les plus discrets dendrobates « fusées de la forêt tropicale » (Silverstoneia flotator), bruns avec deux bandes blanches. Anecdote amusante : les mâles, très territoriaux, célèbrent leurs victoires en s’asseyant sur la tête des perdants !


Un long lézard (Anolis limifrons) nous observe, imperturbable sur sa feuille. Contrairement aux dendrobates bagarreurs, il préfère séduire sa femelle à coups de hochements de tête. Camouflée dans la litière de feuilles mortes, une grenouille pustuleuse fait son apparition. Son chant est si discret qu’il n’a jamais été enregistré. Pour elle, pas de têtards : les œufs éclosent directement en petites grenouilles.
La boue se fait plus épaisse, et nos tongs deviennent de véritables patinoires. Un gecko à tête jaune nous scrute avec un air moqueur. Ironie du nom : il a en réalité la tête rouge et le corps noir parsemé de taches bleues. Plus loin, un claquement sec nous attire l’œil : un Manakin à cuisse jaune pointe sa tête écarlate à travers la végétation.


En scrutant le feuillage, nous découvrons une vie minuscule et fascinante. Un Nymphale cendré chauffe ses ailes blanches bordées de brun. Les taches rouges du Heliconius erato éclatent dans la verdure. Une Néphile dorée s’active sur sa toile, talonnée par son minuscule mâle, parasite alimentaire de son imposante dulcinée.




Après 6 kilomètres d’efforts, assaillis par les moustiques, nous atteignons enfin Punta Mona. Ce coin perdu abritait il y a une dizaine d’années une communauté hippie vivant en autarcie sur 40 hectares. Ils cultivaient plus de 200 espèces de fruits et des centaines de variétés de légumes et plantes médicinales. Accessible uniquement à pied ou en bateau, la ferme attirait les voyageurs en quête de déconnexion et de repas bio. Mais en 2021, elle a cessé d’accueillir des visiteurs après des différends avec le parc. Aujourd’hui, seuls les Saccoptères communs habitent dans les cabanes abandonnées.




Malgré les vagues qui passent par-dessus le récif, nous nous offrons un moment de rêve sur la plage turquoise de Punta Mona. Elle rentre sans effort dans notre top 3 des plus belles plages caribéennes !

Il est temps de rebrousser chemin, poursuivis par les moustiques et glissant dans la boue. À la nuit tombée, la jungle se transforme en décor mystique, éclairé par la lune et les lucioles.


Retour au village de Manzanillo, où il nous faut un toit pour la nuit. J’ai repéré un hôtel en front de mer à 10 $. Après inspection, la chambre nous semble correcte : balcon, mezzanine, vue sur l’océan. On s’installe. Mauvaise pioche : c’est miteux et l’eau coule en pointillés… On ne vous le conseillera pas celui-là !
Demain, on file explorer l’extension de ce parc, plus au sud : le Refuge de Vie Sauvage de Gandoca-Manzanillo, à la frontière du Panama.





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