Depuis la Cordillère de Talamanca, cap à l’est pour explorer la côte Caraïbes. De Puerto Limon, jusqu’à Gandoca, la semaine qui arrive sera rythmée par la culture afro caribéenne, aussi tranquille que les paresseux qui peuplent la jungle, et le rythme des vagues de la mer des Caraïbes.
Un héritage afro-caribéen fort
Puerto Limón, enfin ! Christophe Colomb y posa le pied en 1502, baptisa la région « Côte riche » en voyant un peu d’or, et repartit vite fait, jugeant l’endroit inhospitalier. Pendant des siècles, seuls les pirates y trouvèrent refuge. Puis vinrent les magnats du café et les milliers de travailleurs afro-caribéens recrutés pour construire un chemin de fer à travers la jungle.
Aujourd’hui, Puerto Limón garde son identité unique, entre musique reggae, cuisine épicée au lait de coco et histoire marquée par la ségrégation. Le carnaval du 12 octobre est un hommage à ce mélange culturel, avec dix jours de fête où les rues vibrent de sons et de couleurs.
Puerto Viejo de Talamanca : entre surf, yoga et cocktails
Nous avons réservé un tipi à La Selina, un camping « club de vacances », avec port du bracelet obligatoire, histoire de nous rappeler que nous ne sommes pas (tout à fait) des aventuriers en pleine jungle. Le soir venu, nous descendons dans le centre de Puerto Viejo savourer un burger végétarien avec option vegan. Le décor est planté : bienvenue au pays des surfeurs hipsters ! Ici, on vit au rythme du yoga, des vagues et des observations naturalistes le jour, et on refait le monde autour d’un cocktail le soir.
En ville, entre babioles rastas et souvenirs made in China, il faut fouiller pour dénicher de l’artisanat local. Mais en s’éloignant de l’artère principale, le charme opère : petites maisons en bois, restaurants confidentiels et ruelles poussiéreuses nous transportent à l’époque où Puerto Viejo de Talamanca n’était qu’un paisible village de pêcheurs nommé Old Harbor.
Passage au supermarché de Puerto Viejo de Talamanca pour un pique-nique frugal : avocats, ramboutans, cabosses de cacao… la richesse des fruits permet un régime crudivore sans effort.


Une journée à Finca la Isla, entre grenouilles-fraises et jardin botanique
Ce matin, cap sur la Finca la Isla, une ferme biologique entourée d’un jardin botanique luxuriant comptant plus de 150 variétés de fruitiers tropicaux. C’est un véritable paradis pour Hubert !
La visite commence dans la pépinière de Broméliacées. Plus de cinquante variétés grandissent à l’ombre : Guzmanias aux fleurs éclatantes, Acmées aux épines acérées, Neoregelias plus tolérantes au soleil… la diversité est impressionnante. De minuscules grenouilles rouges ont élu domicile dans les feuilles. Elle pondent un œuf par plante, dans la petite réserve d’eau formée par l’entrelacement des feuilles au cœur de la plante. On y croise parfois un têtard qui tourne en rond. Ces grenouilles-fraises (ou blue-jeans, selon leur robe), sont redoutables : leurs toxines peuvent provoquer des arrêts cardiaques chez leurs prédateurs. Leur poison provient de leur alimentation, notamment des fourmis du genre Brachymyrmex.


Nous nous enfonçons dans la végétation, longeant des palmiers marcheurs, puis un jardin médicinal avant de pénétrer dans une forêt tropicale dense. Ici, tout raconte une histoire : ce terrain fut autrefois une plantation de cacao, prospère jusqu’aux années 1970, avant d’être décimée par la Monilla, une maladie fongique redoutable. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits, mais les cacaoyers sont toujours là, témoins d’un passé agricole florissant.
Soudain, des claquements secs retentissent : ce sont des Manakins à col blanc qui exécutent leur danse nuptiale. Plus loin, nous cueillons quelques ramboutans (mamuns en costaricien), ces fruits rouges à picots, savoureux. Ce « roi des fruits » peut produire jusqu’à 3000 fruits à maturité. Malheureusement, il ne supporte pas le froid : adieu notre rêve d’en planter un au jardin.


La balade continue parmi les hévéas, muscadiers, caramboliers et autres merveilles botaniques. Hubert est émerveillé, examinant chaque espèce avec une attention quasi-religieuse. Pour ma part, je scrute la canopée à la recherche de paresseux ou de toucans… en vain ! Je me réconforte avec quelques lézards.


Une Saint-Valentin au goût de langouste
Un insecte, apparemment très motivé, a décidé de me transformer en buffet nocturne : bilan au réveil, 80 piqûres qui démangent comme mille feux.
Ambiancés par les cris des singes hurleurs, nous savourons un fruit de jacquier de 4 kilos sous le regard curieux des agoutis. Leur laissant les peaux fibreuses, nous gardons les graines pour le soir : bouillies puis grillées, elles rappellent la châtaigne. Ce fruit, encore vert, s’effiloche et sert d’alternative végétale à la viande.


Des Ortalides à tête grise rivalisent de cris, tandis qu’un Dendrobate doré, vert et noir, se faufile entre les racines tentaculaires d’un immense Sang-dragon.


Mission du jour : dégoter une belle langouste à cuisiner au feu de bois pour notre dîner de Saint-Valentin. L’office de tourisme nous oriente vers les pêcheurs de Puerto Viejo ou le restaurant Mopri, qui fait aussi poissonnerie.
Cap sur le port. Problème : au lieu d’un retour de pêche, nous assistons à un départ ! On nous annonce que le bateau rentrera dans deux heures.
De retour à 13h, nous patientons… longtemps. Pour tromper l’attente, session snorkeling près du voilier échoué. Visibilité moyenne, mais quelques beaux poissons égayent l’exploration.

Enfin, une barque motorisée accoste ! Les pêcheurs déchargent poissons et langoustes… pour un restaurant. Pas de vente au détail. À 80 $ le plat, on comprend que les restaurateurs préfèrent garder le monopole.
Nouvelle attente, autre tentative de snorkeling. L’eau est chaude, les poissons timides, Hubert perd patience. Nous filons à la poissonnerie Mopri… où seules des langoustes congelées nous attendent.
Tant pis, sur le chemin du retour, on longe la côte. Et là, miracle ! Nos pêcheurs reviennent enfin. Ils sont aussi surpris que nous de nous voir les guetter. Leur cargaison est maigre, mais une belle langouste attire notre attention. Marché conclu pour 8 000 colones le kilo. Tout semble réglé jusqu’à l’arrivée en furie d’un restaurateur dreadlocks au vent, scandalisé qu’on nous vende une langouste. Trop tard, mon cher ! Nos pêcheurs, fidèles à leur parole, scellent la transaction. Direction le marché pour un chardonnay chilien pour accompagner le festin.


Soirée en canoë
Sortie « romantique » en canoë pour clôturer la journée. Nous gonflons notre canoë à Playa Uva et entreprenons de remonter la lagune formée par le Quebrada Ernesto.

Nous glissons sur l’eau, sous le regard amusé d’un paresseux. Dans le silence de la lagune, seuls le bruissement des pagaies et les appels nocturnes d’oiseaux et d’amphibiens nous accompagnent. Des Tortues funèbres disparaissent sous l’eau à notre approche, et des lucioles parsèment la berge d’un éclat féerique. Un Ortalide à tête grise se découpe en ombre chinoise contre le ciel étoilé.


Un dernier clin d’œil nocturne : un opossum funambule sur un fil électrique, maître de l’équilibre et champion de la simulation de mort en cas d’attaque de prédateur, odeur de cadavre à l’appui.
Où manger à Puerto Viejo de Talamanca ?
Pour le petit-déjeuner d’explorateurs : la « Pananderia & Reposteria », où l’étal ne ressemble en rien à nos boulangeries françaises. Adieu croissants, bonjour galletas de coco : un concentré de sucre et de noix de coco râpée collés par des œufs.
Pour un brunch : les pieds dans le sable au restaurant GigiO, face à la mer, pour admirer les surfeurs sur la Salsa Brava.
Pour un dîner chic : La Casita de Monlie, un restaurant à l’écart de l’agitation. Pascal, le propriétaire français source avec soin les produits cuisinés par sa femme costaricienne. Au menu : un plateau de fromages fermiers provenant des vaches de la Cordillère de Talamanca (élevées par des Suisses !) accompagné de confitures maison, puis un mahi-mahi parfaitement cuit, nappé d’une sauce au fruit de la passion. Le tout accompagné d’un vin blanc péruvien surprenant. Un régal absolu, et une note qui reste dans la moyenne d’un bon restaurant français.
Pour un dîner typiquement local : les restaurants Tamara et chez Miss Lidia’s sont des repaires de saveurs caribéennes. Casado (plat traditionnel composé de riz, haricots rouges, salade et bananes plantains) ou rondon bien chaud, cette soupe caribéenne au lait de coco, il y en a pour tous les gouts.



Excellente base pour visiter les parcs de Cahuita et de Manzanillo, notre choix s’est porté pour demain sur ce dernier. Découvrez le avec nous dans cet article !





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