Sierra Nevada : randonnée, bouquetins et paysages alpins au cœur de l’Andalousie


Auteur : Pauline & Hubert

Publié le : 02/06/2025


Après avoir exploré les canyons rouges et les maisons troglodytes de Guadix et Graena, on se dit qu’on mérite un peu de fraîcheur. Cap vers le ciel, direction la Sierra Nevada ! Ce massif mythique, perché entre ciel et Andalousie, est un trésor de biodiversité, un musée géologique à ciel ouvert, et surtout : le royaume des bouquetins ibériques.

Envie d’un peu de nature près de Guadix ?

Randonnée aux portes de la Sierra Nevada

Avant de prendre trop d’altitude, partez depuis Lugros pour une balade de 8,5 km le long du Rio Alhama :

  • montée douce entre oliviers et moutons,
  • passage près d’un élevage de chèvres,
  • puis de vaches dignes d’un tableau suisse,
  • avant de rejoindre un canal de montagne à suivre en enjambant des petits ponts trop mignons.

Le retour se fait de l’autre côté du ruisseau, par un chemin qui grimpe en douceur vers les hauteurs du parc naturel de la Sierra Nevada.
La trace est sur AllTrails, la rando est bien balisée, mais gardez les yeux ouverts pour suivre les marques.

On a dormi à Graena, dans une ambiance EHPAD chic, calme et confortable. Il est possible de profiter des thermes et des soins proposés par l’hôtel. Et pour finir la journée en beauté : dîner à Las Cuevas de Purullena. On recommande sans modération : moules à la almeria, tartare de thon, vin délicieux, et cadre troglodyte.

De Guadix à Grenade : un voyage à travers les entrailles du temps… et les montagnes d’argile

Vous êtes au cœur du Géoparc de Grenade, un vaste haut plateau classé par l’UNESCO, coincé entre la Sierra Nevada, la Sierra de Cazorla et la Sierra de Baza, qui raconte la lente épopée des sédiments et de l’érosion.

Il y a plusieurs millions d’années, toute cette région formait une énorme cuvette fermée, encerclée par les chaînes de montagnes. L’eau ne pouvait pas s’en échapper, créant un gigantesque lac intérieur autour de ce qui est aujourd’hui la ville de Baza. Pendant des millénaires, les rivières ont charrié des couches de sédiments qui se sont accumulées dans le bassin.

Puis, vers la fin du Miocène, la cuvette s’est ouverte par l’ouest, via la rivière Guadiana Menor, qui a enfin pu se frayer un chemin jusqu’au Guadalquivir et l’océan Atlantique. C’est alors que le vrai travail d’artiste a commencé : des milliers d’années d’érosion, à coups de pluies, de crues, de vents, ont sculpté dans ces sédiments friables des badlands majestueux, des ravines profondes et des falaises aux mille couleurs : jaune, ocre, pourpre, vert, selon l’humeur des oxydes de fer et de cuivre.

La découverte d’un bout de crane à Orce démontre que les premiers hominidés d’Europe vivaient ici il y a 1,4 millions d’années. Ils vivaient en groupe, pour se défendre du grand prédateur de l’époque : le tigre à dent de sabre. Mais ils ont aussi pu arriver là en le suivant, profitant du reste de ses charognes… Il y avait aussi des mammouths, des guépards, des rhinocéros, des zèbres, des hyènes géantes, des loups, des tortues et des girafes à cou court.

Aujourd’hui, ces paysages désertiques aux airs de Far West sont parmi les plus spectaculaires d’Espagne.

A mesure que vous quittez ces terres minérales, les paysages s’adoucissent, les collines se couvrent d’amandiers… Vous approchez de Grenade, où les palais nasrides prennent la relève des merveilles naturelles.

Une super carte recense les activités à faire en chemin (musées, randonnées, acticités nautiques, itinéraires cyclables, églises et cathédrales, bains arabes, miradors, caves…), vous la trouverez ici.

En route vers la fraîcheur : lacs, oiseaux, grenouilles et vergers suspendus

Depuis Los Banos, on emprunte la route touristique jusqu’au village de Güéjar Sierra. Elle dévoile des vues sublimes sur le lac, ce qui nous incite à prendre une pause au barrage de Canales où un Crave à bec rouge pose sous nos flashs. Les Hirondelles de rocher sont par contre beaucoup trop vives pour se laisser photographier…

On tente la piste qui monte côté sud du barrage, jusqu’aux portes du Parc national de la Sierra Nevada. Elle grimpe fort et me donne quelques sueurs froides. J’ai le vertige, et j’ai l’impression que le passager est toujours du côté vertigineux de la route… « Heureusement », elle devient de plus en plus accidentée et Hubert abandonne de grimper plus haut en voiture. On se dégourdit les jambes en profitant de la vue et d’une Fauvette mélanocéphale agitée.

Le village de Güéjar-Sierra mérite une pause. Construit autour de l’eau, on y apprend que les fruits cultivés sur les flancs de la montagne prospèrent grâce à l’eau de fonte. En entrée du village, un aqueduc cassé déverse un filet d’eau dans une mare animée par une fanfare de grenouilles de Perez.

Haute altitude, flore alpine et papillons en vadrouille

À 1 900 mètres, nous passons devant un jardin botanique d’altitude, et juste à côté, les véritables stars du moment : les pivoines de Brotero, en pleine floraison (en mai ou juin selon l’altitude). Petits conseils : checkez leur localisation sur iNaturalist avant de vous lancer à leur recherche !

Randonnée sauvage et bouquetins impassibles

On pousse ensuite jusqu’à la station de ski de la Sierra Nevada, puis plus haut encore, en suivant une piste de randonnée menant à une petite cascade du torrent Monachill. Le sentier est humide de la fonte des neiges en amont, créant des jolis tapis tout doux de mousse verte. C’est le printemps, la faune est en grande forme : Traquets motteux, Bruants fou, Mégères (les papillons hein), et quelques chevaux en liberté.

Mais surtout… les bouquetins ibériques.
On en suit un qui s’abreuve tranquillement dans le torrent. Il nous remarque… et continue sa vie comme si de rien n’était. En tout, une dizaine d’individus croisés, tous gardant une distance de sécurité mollement réglementaire, mais aucune peur manifeste. L’observation est magique, le silence total, et je fais beaucoup trop de photos. Beaucoup. Trop.

La Virgen de las Nieves et la dernière montée

On se gare à Hoya de la Mora, puis on entame les 700 mètres de montée pour atteindre le sommet à 2 600 mètres d’altitude. La sculpture en acier de la Virgen de las Nieves, est installée ici pour protéger les montagnards.

La vue sur les sommets enneigés est grandiose, et cerise sur la neige fondue : un nouveau troupeau de bouquetins, cette fois avec deux bébés trop choux, descend au milieu des voitures du parking pour finir les sandwichs des randonneurs. (Et devinez… Oui, encore une fois, je fais beaucoup trop de photos.)

Histoire locale et nature discrète au musée ethnographique

En redescendant, ne manquez pas le musée ethnographique de la station, une balade pédagogique à travers les anciennes cabanes en pierre, rénovées ou reconstituées, avec des expositions sur les outils agricoles.

La zone humide à l’entrée est une jolie surprise, fréquentée par des Mésanges noires, des Petites tortues (le papillon, toujours), et le discret Lézard de Vaucher.

Fondue surprise, renard discret, et retour à la civilisation

On finit la journée dans le seul restaurant encore ouvert de la station : El Bistro.
Mal noté sur Google, certes… mais finalement bonne surprise : une fondue savoureuse, un bon vin rouge, et en dessert : un renard traverse le parking déserté par les humains. La nature reprend doucement possession des lieux.

Demain, retour à la civilisation, cap sur Grenade. Mais si vous préférez rester en compagnie des Bouquetins ibériques, on se donne directement rendez-vous dans le Parc naturel El Torcal de Antequerra !

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